L'identification récente de l'AMS

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30 ans plus tard, le Pr. N. QUINN revisite sa publication de 1989 :- en anglais
Des failles dans le diagnostic de l'AMS  en français et en anglais
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Une histoire en train de s’écrire

 

C’est en 1962 que deux neurologues américains, G. Shy et G. Drager, décrivent pour la première fois une forme de cette maladie qu’ils distinguent de la maladie de Parkinson. Ils établissent un lien entre l’hypotension orthostatique et l’atteinte du système nerveux autonome. La maladie, appelée désormais « syndrome de Shy-Drager » apparaît alors comme une forme sévère de la maladie de Parkinson - d’où le nom de "Parkinson Plus" qui lui fut parfois donné - accompagnée de troubles du système nerveux autonome.

 

En 1969, deux autres Américains, JG Graham et DR Oppenheimer, établissent que chez certains patients, trois syndromes coexistent : la dégénérescence striatonigrique, l’atrophie olivo-­ponto­cérébelleuse et le syndrome de Shy-Drager. En fait, ces patients souffrent tous de la même mala­die qui s’appellera plus tard « atrophie multi-systématisée ». Pour tous ces patients, les trois systèmes cités précédemment peuvent être touchés à des degrés variables. Selon le système qui est le plus atteint, le patient présentera, au début de la maladie, des symptômes plutôt de type parkinsonien (AMS-P) ou plutôt de type cérébelleux (AMS-C) - voir la page "P ou C ?". Dans les pays occidentaux, la répartition est d'environ 2/3 de formes parkinsoniennes et 1/3 de formes céréebelleuses, cette proportion est inversée en orient, Chine, Japon notamment. Lors de l’évolution de la maladie, les autres symptômes apparaissent, souvent précocement et avec un degré variable.

 

En 1989, une étape importante est franchie : dans une publication intitulée « la nature de la bête », le Britannique Niall P. Quinn propose les premiers critères diagnostiques qui permettront aux médecins d’identifier la maladie (à lire ci-contre, dans la rubrique  "En savoir plus", un article où le Pr. Quinn revisite cet article 30 ans après)
C’est aussi en 1989, année très importante dans la compréhension de l’AMS que deux Hongrois, Papp et Lantos, ont découvert les fameuses inclusions oligodendrogliales d'alpha-synucléine sur lesquels nous reviendrons par ailleurs. Ce marqueur pathologique retrouvé dans les formes cérébelleuses comme dans les formes parkin­soniennes a confirmé l’unicité de la maladie.

 

En 1999, lors d’une conférence réunissant des spécialistes mondiaux, un premier consensus sur les critères diagnostiques, connus sous le nom de critères de Gilman, est établi. Très succinctement, une AMS est probable lorsqu’une atteinte du système nerveux autonome, exprimée soit par la présence de chutes de la tension artérielle en position debout, soit par la présence de troubles urinaires, est accompagnée :
- de symptômes de type parkinsoniens (avec une faible réponse à la levodopa)
- ou de symptômes de type cérébelleux.

   
En 2008, une autre conférence de consensus a complété et affiné ces critères.

 

Comme le soulignaient les Dr Horacio Kaufmann et Hirohisa Watanabe, membres du groupe de travail, dans un entretien en 2018, « Un diagnostic précoce et précis de l’AMS est crucial pour la prise en charge du patient et pour le développement de traitements de fond de la maladie. Cependant, le diagnostic d’AMS à un stade précoce n’est assuré que pour 18% des patients, en grande partie à cause des limites des critères cliniques actuels »

Lire cet entretien dans son intégralité, ci-contre, dans la rubrique « En savoir plus », « Des failles dans le diagnostic de l'AMS »  


Fin septembre 2021 un groupe d’une vingtaine d’experts internationaux de l’AMS va publier la révision des critères diagnostiques de l’AMS.

Ce travail est engagé depuis quelques années sous l’égide de la MDS, International Parkinson and Movement Disorder Society, l’organisme qui rassemble les spécialistes mondiaux de ces pathologies, qui en présentera les conclusions au cours de son congrès.   
Cette nouvelle version des critères diagnostiques de l’AMS prendra en compte les progrès réalisés depuis 10 ans, notamment en matière d'imagerie cérébrale, ainsi que les conclusions des nombreuses études réalises sur les troubles non-moteurs (voir plus loin : des signes non moteurs qui orienteront le diagnostic vers l'AMS), pour répondre à des objectifs :
- de précocité du diagnostic, trop souvent établi à mi-parcours de la maladie,
- de fiabilité du diagnostic, des études post-mortem ont effet indiqué un taux d’erreurs élevé, afin d’augmenter le degré de certitude pour les patients en réponse à leur attente personnelle mais aussi quand il s’agit de les inclure dans un essai clinique.

 

D’après la conférence donnée en avril 2003 à l’hôpital Broussais, par le Pr François Tison, (neurologue clinicien au Pôle neurosciences cliniques du CHU de Bordeaux)


 

Glossaire

Alpha-synucléine


Les dysfonctionnements de l’alpha-synucléine sont à l’origine de plusieurs pathologies appelées « synucléinopathies » : l’AMS, la maladie de Parkinson, la maladie à corps de Lewy.


L’alpha-synucléine est une petite protéine abondante dans le cerveau et nécessaire à son alpha-synucleide.pngfonctionnement.


Pour des raisons inconnues, cette protéine peut adopter une mauvaise conformation, jusqu’à former des agrégats. Ces agrégats vont encombrer les neurones, mais aussi, dans l’AMS, les oligodendrocytes, ces cellules de soutien des neurones. De plus, l’alpha-synucléine mal repliée propage de cellule en cellule son fonctionnement anormal. C’est pourquoi cette protéiné encore mal connue, ses différentes souches, son mode de propagation sont la principale cible des stratégies thérapeutiques visant l’AMS et les maladies voisines.


En savoir plus :
Voir la  page "Au commencemen de la recherche, les cellules oligodendriales"


Voir la vidéo « l’alpha-synucléine dans l’AMS », par Pierre-Olivier Fernagut, coordonnateur du Conseil scientifique d’Aramise.

MDS

Movement Disorder Society
International Parkinson and Movement Disorder Society

L'International Parkinson and Movement Disorder Society (MDS) est une société savante internationale. Basée à Milwaukee, aux USA, elle rassemble plus de 11 000 cliniciens, scientifiques et professionnels de la santé qui se consacrent à l'amélioration des soins aux patients atteints de troubles du mouvement, maladie de Parkinson et autres troubles parkinsoniens, dont l’AMS. https://www.movementdisorders.org/
Le Professeur Meisner fait partie de son Comité exécutif.

Un groupe de travail international spécifique sur l’AMS existe au sein de la MDS :
En font partie, pour la France, Erwan Bezard, Pierre-Olivier Fernagut, Anne Pavy-LeTraon, Wassilios Meissner, Ronald Melki, Francois Tison, Olivier Rascol.
 

Pour la révision des critères diagnostiques de l’AMS, une task-force co-présidée par l’Autrichien Gregor Wenning et l’Américain Horacio Kaufmann  a été créée au sein de la MDS :
 

La MDS a créé des « sections régionales » sur les différents continents . Margherita Fabbri est membre du Comité exécutif de la section européenne de la MDS