Le traceur PET d'AC-Immune

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- le communiqué de presse d’AC-Immune sur le nouveau traceur (PDF)

 
- l’article intégral
en français et anglais de « Nature Communications »

L’AMS bientôt diagnostiquée grâce à l’imagerie cérébrale ?

AC-Immune ouvre des perspectives pour un diagnostic fiable et précoce

 

     « Le traceur PET α-synucléine ACI-12589 distingue l'atrophie multi-systématisée des autres maladies neurodégénératives » : c’est le titre de l’article paru récemment   dans la revue Nature Communications (cf. ci contre). Les auteurs rendent compte de la capacité d’un nouveau marqueur, testé dans des maladies neurologiques, à repérer spécifiquement l’AMS.
     Si les résultats se confirment, cette innovation permettrait d’identifier précocement et sûrement la maladie, de réduire l’errance diagnostique, et de suivre les effets de candidats-médicaments.

     A quoi sert ce traceur ? Il permet de photographier, dans le cerveau d’un patient, l’activité de la protéine alpha-synucléine, dans les zones où elle produit les amas de fibrilles mal repliées qui détruisent les cellules nerveuses. Ces photographies sont réalisées au cours de l’examen TEP ou PET scan.ImageTEP2.jpg

     La Tomographie par Emission de Positons, plus connue sous le nom de TEP ou de PET scan, nombre d’entre vous la connaissent...Cet examen d’imagerie cérébrale dure une vingtaine de minutes. Le patient est allongé sur une table qui glisse dans un large anneau équipé de détecteurs. Ceux-ci captent et traduisent en images la radioactivité dans le cerveau du produit traceur qui a été injecté par intraveineuse dans le bras 1 ou 2 heures auparavant. Une radioactivité très légère qui s’élimine en quelques heures.

     Composé d’un sucre qui sera consommé par les cellules et de fluor faiblement radioactif, le traceur contient aussi et surtout une petite molécule appelée ‘’ligand’’. Elle est attirée dans l’organisme vers des zones où elle trouvera les protéines avec lesquelles elle a des affinités spécifiques. Le nouveau traceur, ACI-12589, se lie avec les protéines alpha-synucléines agglomérées dans le cerveau et particulièrement dans des zones spécifiques à l’AMS, Cette affinité se traduit sur les images du PET scan par une forte coloration en rouge des zones concernées, dans l’AMS, et pas dans les autres synucléinopathies que sont la maladie de Parkinson ou la maladie à corps de Lewy.

     Le nouveau traceur a été testé sur 41 personnes :

  • 8 témoins non-malades,
  • 23 patients souffrant de troubles liés à l'α-synucléine, dont
    •    8 atteints de la maladie de Parkinson
    •    2 de la maladie à corps de Lewy
    •    13 souffrant d’AMS
  • 11 atteints d'autres maladies neurologiques impliquant d’autres protéines, comme la maladie d’Alzheimer avec la protéine tau.

     L’intensité du signal par rapport aux sujets-témoins s’est révélée 2 à 3 fois plus élevée chez les personnes souffrant de la maladie de Parkinson ou de la maladie à corps de Lewy, et 30 fois plus élevée chez les patients AMS.

« Chez les participants atteints d’AMS, » indique l’article, « il y avait une rétention significativement accrue du radiotraceur [18F]ACI-12589 dans la substance blanche cérébelleuse » qui souligne aussi des localisations d’intensité différente entre les deux formes d’AMS :
- dans l’AMS-C, une concentration plus importante d’alphasynucléine dans la substance blanche cérébelleuse  
- pour l’AMS-P une concentration plus importante d’alphasynucléine dans les noyaux lenticulaires

Ci-dessous : TEP ACI-12589 chez des patients atteints d'α-synucléinopathies avec :

  • Control : sujets contrôles non-malades
  • DLB : maladie à corps de Lewy
  • MSA-C : AMS C, MSA-P : AMS P
  • PD : maladie de Parkinson

  • a - Images transversales au niveau des pédoncules cérébelleux moyens (substance blanche) chez un participant témoin et des patients atteints de DLB, AMS-C et PD.
  • b - Images transversales au niveau des noyaux gris centraux chez un participant témoin et des patients atteints de DLB, AMS-P et PD.

ImagesTEP_ACI-12589.png

Pour le Pr Meissner, c’est « potentiellement une percée majeure »

     Au Centre de référence de l’AMS, à Bordeaux, le Pr Meissner, qui connaît bien AC-Immune, exprime un avis très positif sur cette innovation et un souhait de participer aux tests à venir : ‘’Même si les données restent encore très préliminaires, il s’agit potentiellement d’une percée majeure. Il serait maintenant important de valider ces résultats dans une cohorte plus large, notamment pour confirmer la bonne distinction entre AMS et maladie de Parkinson. J’ai eu l’occasion de discuter à plusieurs reprises avec les responsables d’AC- Immune. Ils savent que nous sommes très intéressés de participer à une validation via la cohorte française (de patients AMS).".

     Basée à Lausanne, AC-Immune est une société biopharmaceutique au stade clinique. Elle est « spécialisée dans la médecine de précision pour les maladies neurodégénératives, notamment la maladie d'Alzheimer, la maladie de Parkinson et les indications neuro-orphelines provoquées par des protéines mal repliées. ».

     Aramise est attentive à la vie de cette société qui a récemment intégré Affiris, la petite biotech partenaire, entre 2014 et 2017, du projet européen sur l’AMS ‘’ARTEMIS’’ piloté par le Pr Meissner. Une des molécules issues des travaux d’Affiris, l’immunothérapie active contre l’alpha-synucléine PD01, rebaptisée ACI-7104, devrait faire bientôt l’objet d’un essai clinique de phase 2 dans la maladie de Parkinson.


 

Glossaire

Alpha-synucléine


Les dysfonctionnements de l’alpha-synucléine sont à l’origine de plusieurs pathologies appelées « synucléinopathies » : l’AMS, la maladie de Parkinson, la maladie à corps de Lewy.


L’alpha-synucléine est une petite protéine abondante dans le cerveau et nécessaire à son alpha-synucleide.pngfonctionnement.


Pour des raisons inconnues, cette protéine peut adopter une mauvaise conformation, jusqu’à former des agrégats. Ces agrégats vont encombrer les neurones, mais aussi, dans l’AMS, les oligodendrocytes, ces cellules de soutien des neurones. De plus, l’alpha-synucléine mal repliée propage de cellule en cellule son fonctionnement anormal. C’est pourquoi cette protéiné encore mal connue, ses différentes souches, son mode de propagation sont la principale cible des stratégies thérapeutiques visant l’AMS et les maladies voisines.


En savoir plus :
Voir la  page "Au commencemen de la recherche, les cellules oligodendriales"


Voir la vidéo « l’alpha-synucléine dans l’AMS », par Pierre-Olivier Fernagut, coordonnateur du Conseil scientifique d’Aramise.

Le noyau lenticulaire

Le noyau lenticulaire (ou lentiforme, du fait de sa forme qui évoque celle d'une lentille) fait partie des noyaux gris centraux ou ganglions de la base. Au sein de chaque hémisphère cérébral, les noyaux lenticulaires sont situés très en profondeur, médialement et inférieurement.

Substance blanche cérébelleuse

La substance blanche cérébelleuse est située au centre du cervelet, à la base du cerveau. Formée de fibres gainées de myéline qui lui donne sa couleur blanche, elle constitue un poste de distribution de l’influx nerveux dans les différentes parties du corps